Les 7 Commandements de la Vie Liquide : Naviguer dans l’Incertitude
Vous vous souvenez de Bruce Lee et de sa fameuse phrase : « Be water, my friend » ?
Eh bien, il ne parlait pas que de kung-fu.
Dans le monde d’aujourd’hui, son conseil est devenu une véritable philosophie de survie. Après tout, si tout est devenu aussi insaisissable que l’eau — boulot, relations, projets de vie — pourquoi ne pas vous-mêmes, devenir l’eau ?
Dans la modernité liquide, rien ne reste figé, tout coule, tout change.
L’idée, c’est d’apprendre à glisser entre les mailles du filet, à vous adapter à tout ce qui vous tombe dessus avec la souplesse d’une rivière qui contourne les rochers.
Une relation trop sérieuse ? Changez de courant.
Un boulot trop stable ? Évaporez-vous et reprenez votre forme ailleurs.
Être l’eau, c’est refuser de s’enfermer dans des structures trop rigides, c’est être prêt à tout… ou à rien, d’ailleurs.
Mais attention, Bruce Lee ne vous avait peut-être pas prévenu : être l’eau dans la modernité liquide, ce n’est pas juste méditer au bord d’un lac en position du Lotus.
Non, il s’agit plutôt d’apprendre à nager dans un torrent d’incertitudes, et parfois, à remonter le courant pour ne pas boire la tasse.
Bref, il faut savoir flotter avec style.
Alors, comment « devenir l’eau » dans ce monde où chaque vague peut vous emporter ?
Suivez ces 7 commandements de la vie liquide, et, comme Bruce, apprenez à vous faufiler entre les obstacles, avec classe et un sourire (ou au moins, une respiration).
Après tout, dans la modernité liquide, on ne vous demande pas d’être un maître nageur, juste de ne pas couler.
Ready ? C’est parti !
1. Tu ne t’engageras point (à rien, jamais, NEVER!)
Ah, l’engagement.
Un concept dépassé, presque poussiéreux, tout droit sorti d’une époque où les gens planifiaient des carrières de 30 ans et des mariages d’une vie.
Dans la modernité liquide, l’engagement, c’est le piège ultime.
Aujourd’hui, il faut être agile, capable de quitter son job ou sa relation à la moindre anicroche, avec une excuse aussi légère qu’un « Je pense qu’on a fait le tour, non ? ».
Que ce soit au travail, en amour ou pour vos abonnements Netflix, ne jamais se fixer est devenu la règle d’or.
Le CDI ? C’est has been. Mieux vaut des contrats freelance de six mois, renouvelables, ou non, selon l’humeur du jour.
Julien, 32 ans, change de job tous les six mois, et ne reste jamais plus de deux mois avec la même personne.
Pour lui, c’est une question de flexibilité. Quand on lui parle de carrière ou de relation stable, il hausse les épaules : "Stables ? Ça veut dire quoi déjà ?"
Il préfère changer de boulot avant que son patron commence à s’attacher à lui.
Après tout, pourquoi rester attaché à quelque chose ou quelqu’un quand on peut toujours espérer trouver mieux au coin de la rue ou sur la prochaine plateforme ? S’engager, c’est renoncer à la flexibilité, et dans ce monde liquide, c’est une hérésie.
2. Tu entretiendras des relations aussi liquides que possible
Les relations solides, c’est comme les CD : ça a eu son heure de gloire, mais maintenant, c’est dépassé.
Dans la modernité liquide, les relations sont conçues pour être éphémères, jetables et facilement remplaçables.
Qui a besoin d’un engagement romantique profond quand on peut swiper indéfiniment sur Tinder ou se lancer dans une « relation » qui se termine aussi vite qu’elle a commencé ?
Les amitiés suivent le même chemin : un coup de fil par an suffit pour maintenir un semblant de contact, et si ça devient trop lourd, on disparaît dans la mer des notifications non lues.
Clara, 28 ans, jongle entre trois relations simultanées sans jamais appeler ça du "polyamour" — trop formel pour elle. Si l’un des mecs commence à poser des questions du genre "on en est où ?", elle disparaît discrètement du radar, parce que franchement, qui a le temps pour ce genre de conversations ?
Il faut dire qu’on vit dans une époque où « engagement » est synonyme de contrainte.
Si l’amour devient trop compliqué, vous pouvez simplement désinstaller l’appli. Les relations humaines ? Aussi jetables que les stories Instagram.
Si ça ne fonctionne pas, pas de drame : unmatch et on passe à autre chose. Après tout, les relations solides, c’est pour ceux qui aiment les vieux meubles qu’on garde des décennies. Ici, on préfère les locations courtes.
3. Tu te vendras comme une marque
Dans la vie liquide, vous n’êtes pas juste vous.
Non, ce serait trop simple.
Vous êtes une marque.
Oui, vous avez bien entendu : dans ce monde, l’authenticité se gère comme un compte Instagram professionnel, avec une planification de contenu et des hashtags bien choisis.
Vous êtes un produit à vendre, que ce soit sur LinkedIn, Instagram ou même dans vos conversations. Il faut toujours être dans l’optimisation permanente de son image.
Aujourd’hui, vous êtes un expert du management transversal, demain un globe-trotter inspiré. Les frontières entre le professionnel et le personnel sont aussi floues qu’une photo mal cadrée.
Mathilde, 30 ans, jongle entre plusieurs identités : sur LinkedIn, elle est "consultante en innovation stratégique". Sur Instagram, elle est "yogi spirituelle". Et sur Twitter, elle commente l’actualité économique comme une pro. Elle appelle ça de la poly-compétence, d’autres diraient simplement qu’elle n’a aucune idée de qui elle est vraiment. Mais ce qui compte, c'est que ça marche.
Dans ce monde, vous ne « devenez » pas quelqu’un. Vous adaptez votre personnalité à chaque situation. À quoi bon se contenter d’une seule version de soi-même quand on peut en avoir autant que de comptes sociaux ?
4. Tu feras de l’incertitude ta meilleure amie
Les certitudes, c’est pour les gens rigides.
L’incertitude, c’est le nouveau luxe.
Vous ne savez pas où vous serez dans trois mois ? Parfait !
Pas de promesses, pas de pression.
Pas de pression… Pas de pression.
Vous ne pouvez jamais être déçu quand vous n’avez aucune attente. Dans la modernité liquide, il n’est plus question de « planifier » sa vie.
On la prend comme elle vient, en jonglant avec des possibilités. Pourquoi signer un bail pour un an quand on peut changer d’appartement tous les six mois ?
Pourquoi s’installer dans une carrière quand une reconversion est toujours à portée de clic ?
Loïc, 35 ans, vit avec une valise semi-défaite en permanence. Son job en télétravail lui permet de changer de ville aussi souvent qu’il change d’opinions sur sa prochaine destination. Aujourd’hui à Barcelone, demain à Berlin, mais peut-être qu’il finira à Kuala Lumpur ? Lui-même ne sait pas, et c’est ça qui lui plaît.
L’incertitude est devenue le mode par défaut, et tant que vous avez une connexion Wi-Fi et un billet d’avion remboursable, vous êtes prêts pour tout… ou rien.
D’ailleurs, pourquoi se poser la question quand la réponse peut changer demain ?
5. Tu refuseras la permanence sous toutes ses formes
Dans un monde où tout se dématérialise, pourquoi s’embarrasser de possessions ?
Acheter une maison, signer un contrat de longue durée, même garder des vêtements plus de deux saisons : tout ça sent la stagnation.
Aujourd’hui, on loue, on sous-loue, on emprunte.
Même vos vêtements peuvent être temporairement loués ou vendus sur Vinted, histoire de ne jamais vous engager avec un style trop longtemps.
Pourquoi investir dans quelque chose qui pourrait devenir obsolète quand la dernière tendance est à portée de main ?
Karim, 32 ans, a compris que la permanence, c’est pour les amateurs. Son appartement est loué à Paris cette année, il louera peut-être à Barcelone l'année prochaine, ou Héraklion qui sait ? Même sa garde-robe est temporaire : il ne garde aucune tenue plus de 48 heures, car après tout, pourquoi s'encombrer de ce qui peut être "upgradé" à tout moment ?
Le principe est simple : tout ce qui est permanent limite votre liberté, alors mieux vaut éviter.
Parce qu’on ne sait jamais si on ne sera pas tenté de partir à l’aventure le mois prochain, et franchement, qui a besoin d’un pied-à-terre quand on peut être partout (et nulle part à la fois) ?
6. Tu auras toujours un plan B, C, et D sous la main
Les imprévus, c’est devenu la norme.
On vit dans un monde où il faut tout prévoir, sauf la stabilité. Ainsi, avoir un plan B est la base.
Mais comme vous ne pouvez jamais vraiment savoir comment les choses vont tourner, pourquoi ne pas avoir un plan C, et même un plan D, juste au cas où ? Mieux vaut trop de choix que pas assez.
Le plan A n’est jamais garanti, alors multipliez les portes de sortie, toujours avec la possibilité de revenir en arrière… ou de faire demi-tour.
Amélie, 29 ans, ne fait jamais un choix sans trois alternatives de secours. Si ses vacances en Italie tombent à l’eau, elle a déjà un Airbnb réservé à Lisbonne, et une option pour un road trip dans les Alpes. Même ses relations amoureuses suivent le même schéma : toujours un "backup" ou un plan entre le P et le R, au cas où les choses ne marcheraient pas.
Vous l’aurez compris, dans ce monde liquide, le plan principal est rarement celui qui fonctionne, alors mieux vaut préparer les échappatoires.
Après tout, dans une société où tout peut dérailler, il vaut mieux anticiper… que d’être coincé.
7. Tu ne chercheras jamais de réponses définitives
Enfin, le dernier commandement : ne jamais courir après les certitudes.
Pourquoi vouloir des réponses claires quand on peut rester dans le flou artistique ? Les grands plans, les réponses toutes faites, c’est pour les amateurs de sécurité.
D’ailleurs ce n’est pas moi qui le dit, c’est le Cardinal de Retz; « On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment ». La maxime du XVIIème siècle est d’une étonnante actualité.
Dans la modernité liquide, l’ambiguïté est une qualité essentielle. Vous êtes toujours entre deux projets, deux carrières, deux relations ?
Parfait, vous êtes en pleine adéquation avec votre temps.
Laurent, 33 ans, ne sait jamais où il en est, mais ça ne le dérange pas. Aujourd'hui en reconversion professionnelle, demain il pourrait reprendre ses études, mais pourquoi se fixer quand on peut garder toutes les options ouvertes ?
La vie est un "work in progress", et il se dit qu’il aura bien le temps de réfléchir à un plan final… un jour, peut-être.
Dans la modernité liquide, il n’y a jamais de « réponse finale ».
Tout est un processus, une adaptation. La clé pour survivre ? Accepter que tout est temporaire et que la seule certitude, c’est qu’il n’y en a pas.
Conclusion (temporaire, du coup…) : Dans la vie liquide, la fluidité est reine… et vous êtes votre propre maître nageur
Et voilà, vous êtes maintenant armés des 7 commandements de la vie liquide.
Ce monde d’incertitude et de flexibilité a ses avantages : vous ne serez jamais figé, toujours en mouvement, mais vous ne vous installerez jamais vraiment. La question est : êtes-vous prêt à flotter sans jamais poser pied à terre ?
Dans cette ère de précarité généralisée, vous pourrez dire fièrement que vous avez appris à surfer sur la vague. Parce qu’au fond, qui a besoin de stabilité quand on peut improviser sa vie au jour le jour, un plan B toujours à portée de main ?