3 études qui prouvent que la Culture Générale va propulser votre carrière
La culture générale, un mystère ?
En 2006, une enquête de l’Institut de l’Entreprise fait grand bruit.
Réalisée en collaboration avec l’ESSEC, l’INSEC et Audencia, elle révèle que nombre de dirigeants d’entreprises souffrent d’un déficit de culture générale.
Aïe!
Un constat alarmant
Ce que dit l’étude est grave et inquiétant: les carences en culture générale pourraient affecter les capacités à prendre des décisions stratégiques.
La conclusion paraît surprenante venant de profils qui ont fait l’objet de recrutements pointus et particulièrement sélectifs avant d’occuper leurs fonctions.
Et puis, de vous à moi, est-il vraiment utile de connaître la date de la bataille de Marignan alors que les cours du Pétrole dévissent à la bourse de Shanghai?
La question est pertinente et elle donne l’occasion se demander pourquoi cet intérêt pour la connaissance?
Et quels sont les enjeux de cet enseignement pour des cadres d’entreprise, quel que soit leur niveau?
Une question légitime
Je serais tenté de vous dire que c’est ce que je vais essayer de vous démontrer dans cet article et qu’il faut le lire jusqu’au bout.
Mais je vais vous résumer l’idée en un mot: la polyvalence.
Je suis sûr que vous le saviez mais laissez moi développer cette idée.
Vous pensez peut-être que ce sujet ne concerne que les dirigeants du CAC 40 et qu’un jeune cadre sortant de l’école peut s’en passer.
Et bien laissez moi vous dire que vous avez tort. Et c’est une très bonne nouvelle. Pourquoi? Au-delà de l’accumulation de connaissances
Parce que ce que vous apporte la culture générale, ce n’est pas un amas de connaissances qu’on empile les unes sur les autres.
Bien sûr vous pouvez penser que ceux qui ont un bon score aux Quizz de connaissances ont de la culture et vous aurez peut être raison.
Mais laissez-moi vous poser la question suivante: qu’est ce qui les distingue fondamentalement des chiens savants?
Je ne dis pas cela méchamment, je vous pose la question directement:
- Marignan?
- 1515.
- Super… so what ?
La culture, un atout professionnel
Vous avez compris l’idée: la culture, la connaissance, ce n’est pas une fin en soi.
Ce qui intéresse un recruteur, un cadre qui va vous avoir sous ses ordres, et plus largement une entreprise, c’est ce que cette culture dit de vous.
Et je vous assure que le message que vous faites passer va bien au-delà de ce que vous pouvez penser.
Ce n’est pas moi qui le dit. Des chercheurs se sont très sérieusement penchés sur le sujet. Leurs conclusions convergent dans les études que je vais vous présenter.
Alors voici trois raisons – parmi d’autres – pour lesquelles vous devez développer votre curiosité intellectuelle et votre culture générale.
Trois visions de ce qu’apporte une culture générale accrue
1 Nous verrons comment (et pourquoi) une personne cultivée a un esprit plus structuré et plus polyvalent. Nous nous appuierons sur les travaux de Claude Bastien, professeur émérite de psychologie cognitive qui a consacré ses travaux à l’apprentissage et à la capacité de mettre nos connaissances au service des buts que nous souhaitons atteindre.
2 Ensuite, nous envisagerons la culture générale sous l’angle de l’entrée sur marché de l’emploi. Nous verrons comment elle vous rend “bankable”, développe votre employabilité et surtout votre capacité à évoluer professionnellement.
3 Enfin, nous aborderons la question du savoir dans l’exercice de fonctions supérieures. Nous verrons comment il développe votre aptitude à vous intégrer dans un environnement nouveau. Ce n’est pas le moindre des atouts car c’est ainsi qu’à terme, vous pourrez laisser votre empreinte dans l’entreprise et faire évoluer les choses vers le meilleur. Pour ce faire, nous nous appuierons sur une contribution de Bertrand Collomb, ancien PDG de Lafarge.
Ce voyage intellectuel est une invitation à repenser la place de la culture générale dans nos vies. Êtes-vous prêt à remettre en question vos a priori et à explorer ce qu’elle peut vraiment offrir ? Si oui, allons-y.
Vous allez être surpris.

I. La culture générale structure la pensée pour affronter la complexité du monde
I.1. Structurer les connaissances pour mieux apprendre
Claude Bastien a démontré que l’apprentissage relève d’un processus de fonctionnalisation des connaissances.
Cela signifie que les connaissances ne sont réellement acquises que si elles deviennent opérationnelles et utilisables dans différents contextes. Plus on apprend, plus on développe sa capacité à apprendre.
Bastien conclut qu’une culture générale riche agit comme un socle qui optimise notre capacité d’apprentissage et de réflexion:
- La culture gé facilite l’acquisition de nouvelles informations
- Elle permet une meilleure intégration des connaissances : Une structure bien établie favorise une compréhension profonde et durable. Les informations nouvelles trouvent ainsi leur plus facilement leur place car elles sont mises en perspectivent. A l’inverse, les informations isolées restent superficielles et s’oublient vite.
- Elle favorise la résolution de problèmes complexes
- Elle développe la flexibilité cognitive : La connaissance véritable, permet de réorganiser vos connaissances pour les adapter à de nouveaux défis.
Pour donner un exemple concret, Claude Bastien cite l’exemple d’un élève de collège qui récite le théorème de Pythagore.
Dans cet exemple (authentique), l’élève interrogé récite le théorème ainsi : “Dans un triangle rectangle, le carré de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés”.
Jusque là, tout va bien.
Mais le collégien ajoute “sauf quand l'hypoténuse est le plus petit côté".
Cette mention interroge le scientifique et dans les travaux qui relatent cette expérience, Bastien observe que l’hypoténuse est TOUJOURS le côté le plus long. D’où sa conclusion:
Apprendre, ce n’est pas répéter. C’est comprendre le sens profond, relier les concepts entre eux et appliquer la connaissance acquise à différents contextes.
I.2. Développer l’esprit humain par la culture
Bastien va plus loin et développe l’idée que la culture générale serait un levier direct pour l’enrichissement du capital humain. En d’autres termes, ce n’est pas seulement un atout pour comprendre, c’est aussi un outil de développement de la pensée grâce à plusieurs qualités clés :
- Compétences analytiques : La culture générale entraîne l’esprit à analyser et à relier des informations provenant de divers domaines. Essentiel pour l’élaboration de raisonnements complexes.
- Créativité : En croisant différentes disciplines, elle permet de générer des idées originales. Cette capacité est particulièrement valorisée alors que l’IA peut exécuter de stâches subalternes.
- Capacité d’adaptation : Une culture élargie offre une agilité mentale précieuse pour anticiper ou imaginer l’avenir.
Cette corrélation n’est pas juste une réflexion scientifique. Voici comment Claude Bastien démontre ses assertions:
Dans ses travaux, Bastien cite l'exemple de pilotes professionnels en simulateur.
Ces pilotes maîtrisent parfaitement les procédures standard et les protocoles de sécurité. En situation normale.
Mais voilà, un bon pilote est surtout celui qui saura faire face aux imprévus. Or, malgré leur expertise technique, Bastien observe que plusieurs d’entre eux peinent à s'adapter aux configurations inhabituelles.
Quelles conclusions en tirer?
C’est simple: une vraie expertise ne repose pas sur une accumulation de connaissances. Elle résulte d’une compréhension globale et flexible, nourrie par une culture générale solide.
Ce n’est sans doute pas un hasard si des examens après action (After Action Review ou AAR) sont mis en place auprès des pilotes et personnels navigants après chaque évènement: la connaissance résulte de la compréhension et de l’assimilation des faits.
I.3. Se cultiver et apprendre tout au long de la vie : une dimension citoyenne
Au-delà des sphères personnelles et professionnelles, le développement d’une culture générale solide nourrit aussi notre participation à la vie de la société et de remplir avec lucidité notre rôle de citoyen.
- Elle permet d’aborder des sujets inconnus avec aisance,grâce aux capacités cognitives que l’on a vu plus haut. Ce faisant, elle permet de développer notre flexibilité et notre adaptabilité.
- Elle enrichit la compréhension des problématiques globales. Cette capacité est importante pour comprendre, mais elle l’est tout autant pour agir.
- Elle encourage une participation citoyenne éclairée, indispensable à des débats et décisions collectives de qualité. Le citoyen engagé est aussi un acteur de la société et en tant que tel il doit pouvoir faire ses choix en pleine responsabilité, c’est à dire en comprennant la portée de ses engagements.

II. Culture générale et employabilité : un levier pour une carrière en accélération
II.1. Une employabilité renforcée grâce à la culture générale
Deux études majeures, l’une suisse et l’autre américaine, mettent en évidence une corrélation claire entre l’enseignement de la culture générale durant les études et l’employabilité sur le long terme.
Ces recherches démontrent que même un enseignement général limité à quelques heures par semaine (moins de 10) peut avoir un impact significatif sur le développement de compétences transversales, offrant ainsi un avantage compétitif sur le marché du travail.
- Insertion professionnelle immédiate :
Les formations techniques permettent une entrée plus rapide sur le marché du travail grâce à leur spécialisation pratique et le savoir directement mobilisable qu’elles dispensent.
Cependant, elles limitent la polyvalence des profils sur le long terme, ce qui peut poser problème dans un environnement professionnel en mutation. - Progression accélérée de carrière :
Les personnes qui ont bénéficié d’un enseignement général montrent une courbe de progression plus rapide dans leur carrière. Leur capacité à mettre en perspective des connaissances acquises et à se projeter leur permet d’accéder plus facilement à des postes à responsabilité. - Résilience et adaptabilité :
La culture générale renforce la capacité des individus à naviguer dans des environnements complexes et incertains, en particulier les changements technologiques.
Ces résultats ne sont bien sûr pas des vérités absolues. Ils varient en fonction de nombreux paramètres mais la tendance est claire.
En conclusion, la culture générale peut aussi être un levier stratégique pour évoluer durablement dans un environnement professionnel complexe.
II.2. Des compétences plus durables car plus adaptables
Des bénéfices qui confirment les travaux de Claude Bastien
Outre une employabilité accrue, ces deux études révèlent que :
- La culture générale renforce la pensée critique en renforçant les capacités d’analyse des situations complexes,
- La culture générale améliore la communication : Les étudiants paraissent plus crédibles, ce qui leur permet d’accéder plus facilement à des postes à responsabilité,
- La culture générale stimule l’innovation.
Une façon de sélectionner les cadres dirigeants
Les profils les plus cultivés sont particulièrement prisés pour des rôles nécessitant une vision stratégique, comme les postes de direction ou les fonctions de coordination interdisciplinaire.
Aux États-Unis, l’étude citée plus haut a suivi des diplômés sur vingt ans et a révélé que ceux ayant suivi des cours de culture générale avaient non seulement une rémunération supérieure à la moyenne, mais aussi des trajectoires professionnelles plus diversifiées et enrichissantes.
En résumé, la culture générale est bien plus qu’un ornement intellectuel. C’est un investissement stratégique pour un parcours professionnel riche de sens et de responsabilités.

III. La culture générale : un atout stratégique pour l’entreprise et le leadership
III.1. Adaptabilité et communication : les piliers du succès en entreprise
La culture générale joue un rôle clé dans le développement des compétences fondamentales pour réussir en entreprise.
C’est aussi un élément essentiel pour comprendre les enjeux sociétaux et économiques complexes.
Avoir des clients dans un pays qui entre en guerre a des répercussions évidentes, de la même façon que la sensibilité croissante pour le changement climatique et la cause environnementale, le respect de la biodiversité etc…
Sans contexte, la culture générale des cadres et dirigeants d’entreprises est un atout majeur pour:
- Multiplier les grilles de lecture et mieux comprendre et anticiper les dynamiques dans des contextes variés.
- Développer la flexibilité mentale et émotionnelle pour s’adapter à de nouveaux environnements et résoudre des problèmes complexes. La culture générale favorise cette agilité en exposant l’individu à diverses perspectives et modes de pensée.
- Élargir le spectre d’échanges : Un bagage culturel fournit des références communes, facilitant les interactions avec des interlocuteurs d’horizons divers.
- Renforcer l’impact dans les négociations ou présentations : Être capable de relier des faits, idées et concepts renforce l’efficacité de la communication en la simplifiant. Il est plus facile d’échanger avec une personne qui comprend immédiatement vos enjeux et vos préoccupations.
L’École Polytechnique, reconnue pour former des leaders, souligne l’importance d’une « culture d’excellence à forte dominante en sciences, ouverte sur une grande tradition humaniste ». Cette approche illustre comment la culture générale peut être intégrée même dans des formations techniques de haut niveau.
III.2. Prendre des responsabilités avec une vision globale
Les dirigeants performants partagent une caractéristique commune : une compréhension approfondie des enjeux sociétaux et économiques, que la culture générale permet de développer. C’est un fait.
Cette aptitude est cruciale pour prendre des responsabilités dans un monde complexe et interconnecté. Trois axes majeurs :
- Comprendre les enjeux globaux : Une vision élargie permet de naviguer dans des problématiques sociétales et économiques complexes.
- Prendre des décisions éclairées : L’esprit critique, enrichi par la culture générale, aide à analyser les situations avec nuance et profondeur.
- Encourager l’innovation : En croisant des savoirs variés, les leaders cultivent des approches créatives pour résoudre des problèmes.
Comme le souligne le document des Echos, les dirigeants d’entreprise plaident pour une meilleure culture générale, la considérant comme essentielle pour comprendre les enjeux sociétaux et économiques complexes.
Cette vision rejoint celle de l’École polytechnique, que nous avons mentionnée dans le point précédent.
III.3. Culture générale et formation des leaders : l’exemple des grandes écoles
Des institutions comme Polytechnique ou l’ESSEC mettent en avant l’importance de la culture générale dans la formation des futurs dirigeants. L’objectif est clair : créer des profils capables de relier des savoirs diversifiés et d’intégrer des dynamiques globales.
L’École Polytechnique, en particulier, souligne l’importance d’une formation pluridisciplinaire qui va au-delà des sciences dures. Elle intègre les sciences sociales et humaines comme une « ressource stratégique pour l’entreprise », reconnaissant que le management est une discipline à part entière qui nécessite une compréhension approfondie des dynamiques sociales et humaines.
Cette approche rejoint les conclusions de l’Institut de l’Entreprise, qui note une forte corrélation entre la culture générale et l’efficacité des managers, même à diplôme équivalent. Cela illustre comment cet apprentissage dépasse les frontières académiques pour devenir un outil stratégique dans le monde professionnel.
En conclusion, la culture générale est bien plus qu’un atout intellectuel. Elle est un levier stratégique, à la croisée des compétences techniques et comportementales, qui nourrit l’adaptabilité, la communication et la capacité à prendre des responsabilités. Pour les entreprises comme pour les individus, investir dans la culture générale, c’est bâtir un futur où performance et humanité cohabitent, permettant de mieux naviguer dans la complexité du monde contemporain.
Conclusion : La culture générale, un état d’esprit avant tout
La culture générale n’est pas une bibliothèque mentale de faits et de dates soigneusement classés. Elle n’est pas non plus un trophée que l’on exhibe lors de conversations brillantes. Elle est bien plus que cela. C’est une dynamique, un processus vivant qui se nourrit de curiosité, de questionnements et d’une capacité à relier des idées issues d’univers variés.
En cultivant cette curiosité et cette flexibilité de l’esprit, vous développez les outils essentiels pour naviguer dans un monde complexe. La culture générale devient alors une méthode, un regard multidimensionnel sur la réalité, qui vous permet d’embrasser le changement avec assurance et créativité.
Elle est ce qui vous aide à donner du sens à l’inconnu, à anticiper, à comprendre et à réagir de manière éclairée – que ce soit pour résoudre une problématique professionnelle ou pour vous adapter à des événements personnels.
C’est dans cette capacité à établir des liens, à poser les bonnes questions, et à élargir vos perspectives que réside la véritable force de la culture générale. C’est elle qui vous permet de vous épanouir, de bâtir des relations solides et de vous imposer dans des environnements où la flexibilité et l’innovation sont devenues des impératifs.
Alors, plutôt que de la voir comme une accumulation statique de savoirs, considérez la culture générale comme un exercice permanent de votre esprit. Elle est la clé pour transformer chaque découverte en opportunité et chaque défi en apprentissage. Et si elle demande un investissement de temps et d’effort, elle offre en retour un atout inestimable : la capacité de s’adapter et de prospérer dans tous les aspects de la vie.